Couverture lestée : la comprendre, la choisir !
- Julie BOUCHONVILLE
Je ne sais pas pour mon lecteur, mais la première fois que j’ai entendu parler de couverture lestée, aussi appelée couverture pondérée, je me suis demandé si c’était une sorte de dispositif de musculation, ou peut-être une mesure de contention utilisée en prison. Il s’avère que non, c’est juste un large bout de tissu assez lourd, qu’on drape sur soi pour la satisfaction que cela procure.
À qui sont-elles destinées ? Conviennent-telles à tout le monde ? Et maintenant qu’il y en a de plus en plus sur le marché, comment les choisir ?
Comment est faite une couverture lestée
Les méthodes varient un peu d’un fabricant à l’autre, mais dans les grandes lignes, une couverture lestée est essentiellement une enveloppe remplie de petits poids, en général de très petites billes de plastique ou de verre. Ces billes sont enfermées dans des compartiments plus ou moins nombreux, pour qu’elles restent bien réparties avec les manipulations. Le poids de la couverture est variable, et fonction de la taille, mais la plupart du temps une couverture lestée va peser entre 3 et 7 kg.
Il est généralement suggéré de glisser la couverture dans une housse, histoire de réduire le risque de tache. Un point intéressant à noter est que ce type de couverture est très peu isolant, contrairement à une couverture classique : elles tiennent donc peu chaud et représentent de ce fait une alternative intéressante pour les personnes qui ont besoin d’un poids sur elles pour dormir, mais ont néanmoins trop chaud l’été.
Qu'est ce qu'une couverture lestée?
Voici à quoi a ressemblé ma première expérience avec une couverture lestée : je me suis allongée, je l’ai drapée sur moi tout en râlant parce que je ne la trouvais pas pratique à manipuler, puis toutes mes pensées se sont arrêtées tandis qu’une vague de relaxation me frappait en plein visage. C’était comme d’être assommée en douceur.
Il est généralement admis qu’une couverture lestée fonctionne de manière mécanique, en stimulant le système nerveux via la pression qu’elle exerce. Cette stimulation constante génère une baisse de la vigilance et de l’anxiété, un ralentissement de la respiration et du rythme cardiaque, et une sensation générale de confort. Dans une étude à petite cohorte, mais au protocole propre[1], les chercheurs ont pu déterminer que de dormir avec une couverture lestée améliorait de manière très faible la qualité effective du sommeil (moins de 3 % d’amélioration, sauf pour la qualité du réveil qui a fait un bond peu spectaculaire de 7 %). En revanche, les participants reportaient un bien meilleur ressenti de leur sommeil, disant qu’ils s’endormaient plus vite, se réveillaient plus en forme, étaient plus satisfaits de la qualité de leur sommeil, etc., avec des valeurs dépassant les 10 % d’amélioration. Les sujets ont reporté plus de 35 % d’amélioration pour la variable « dormir toute la nuit sans se réveiller ».
J’ai cherché pourquoi se faire gentiment écrabouiller est relaxant pour les humains, et je n’ai rien trouvé. Si les études s’accordent à dire que la pression nous aide effectivement à nous relaxer[2], pourquoi c’est le cas n’est pas déterminé. Certaines personnes[3] affirment que cela reproduit la sensation d’être tenu ou étreint et que le besoin de pression dérive en fait d’un besoin de contacts physiques, mais je ne pense pas que ce soit aussi simple que cela, ne serait-ce que parce que de nombreux autistes ne sont pas particulièrement friands d’étreintes, mais jurent par leur couverture lestée.
La beauté d’une couverture lestée réside aussi dans le fait qu’elle peut-être autoadministrée, pas besoin de demander à quelqu’un « serre-moi très fort comme si tu étais un python », on peut contrôler toute l’expérience, des zones de pression au poids de la couverture en passant par la durée de la session.
À qui peut servir une couverture lestée ?
Sur son principe, elle peut servir à tout le monde, et si mon lecteur a jamais possédé une peluche remplie de sable qu’il aimait tout particulièrement, je lui conseille d’au moins tester, parce que ces jouets étaient essentiellement une forme de thérapie par la pression avant que ce soit cool.
Une couverture lestée n’a pas d’effet secondaire pour peu que son poids soit choisi de manière cohérente[4], aussi elle ne fait de mal à personne. Elle est surtout recommandée, à l’heure actuelle, pour les personnes qui vivent avec des troubles du sommeil comme des difficultés d’endormissement ou de nombreux réveils nocturnes[5], les personnes qui souffrent du stress, ou qui ont un trouble anxieux. Elle est aussi conseillée pour les personnes autistes, qui peuvent souffrir d’un manque de stimulation proprioceptive sans même vraiment le noter[6].
Si mon lecteur a déjà remarqué qu’il ne parvenait pas à dormir sans au moins un drap alors même qu’il fait très chaud, et que le besoin est plus physiologique (« j’ai besoin de la sensation d’un truc sur moi ») que psychologique (« les monstres vont attraper mes pieds s’ils ne sont pas couverts »), je l’encourage à tester la couverture lestée.
Quelle couverture choisir ?
Les offres se sont multipliées, ces dernières années, au point qu’il est difficile de savoir quoi choisir. Je suggère à mon lecteur de d’abord déterminer certains paramètres simples : l’âge de l’utilisateur, son poids, d’éventuelles restrictions dues à son tonus musculaire, et la taille de couverture qui lui plairait.
Un élément important à prendre en compte est que l’utilisateur doit toujours pouvoir aisément se sortir de sa couverture. Si une personne est très faible à cause de son état de santé, par exemple, ou parce qu’elle est encore un tout petit enfant, peut-être que la couverture lestée n’est pas la bonne option pour elle à ce moment.
Avant quatre ou cinq ans, les couvertures lestées sont déconseillées, pour la raison que je viens de mentionner. Dès ce seuil dépassé, on peut utiliser la règle des 10 % du poids corporel : un enfant de 30 kg peut viser une couverture de 3 kg environ. Un adulte de 60 kg peut viser 6 kg environ. En raison de cette notion de poids par rapport à l’utilisateur, les couvertures ont en général une taille suffisante pour une seule personne, mais il en existe de très grandes pouvant accommoder deux dormeurs, dont le poids tourne autour des 15 kg à 20 kg.
Cette règle des 10 % n’est pas absolue : on peut bien sûr choisir une couverture plus légère si on n’apprécie pas une pression forte, ou si on désire juste la draper sur ses jambes quand on est assis, par exemple, ou plus lourd si on aime la pression intense[7].
Enfin, il est pertinent de noter que les couvertures lestées ne passent généralement pas en machine à laver, et qu’il sera utile de toujours leur joindre une housse lavable. Peut-être pour cette raison, elles n’ont que rarement des couleurs et motifs intéressants.
La boutique Bien être autiste en propose un modèle, qui fait très bien le boulot.
J’espère avoir, avec cet article, déblayé le chemin et aidé mon lecteur à y voir un peu plus clair.
[1]https://academic.oup.com/sleep/article/43/Supplement_1/A460/5846888
[2]Ou en tout cas à réduire le stress et l’anxiété subjectives, ce qui revient au même https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3688151/
[3]https://www.sleepfoundation.org/bedding-information/how-do-weighted-blankets-work#:~:text=%E2%80%9CWeighted%20blankets%20are%20known%20for,produce%20a%20sense%20of%20calmness.
[4]Plus d’infos dans quelques instants
[5]Qui ne soient pas dus à une cause tierce comme par exemple un problème de prostate ou un chat qui voit le fond de sa gamelle.
[6]Soyons honnêtes, ce n’est pas le premier réflexe de tout le monde, se dire que si seulement quelqu’un pouvait nous écraser un petit peu, on se sentirait enfin bien.
[7]Attention, toutefois, à bien garder en tête la notion d’autonomie : il est important de pouvoir manipuler la couverture seul et de pouvoir s’en dégager aisément.