Prévention de l’autisme
- Julie BOUCHONVILLE
La prévention de l’autisme est un sujet très peu abordé. D’une part on ne connaît pas parfaitement les causes de l’autisme, qui est multi-factoriel, et d’autre part on sait qu’au moins l’un des facteurs entrant en jeu est la génétique. Dans la mesure où il est compliqué de dire à quelqu’un de changer son génome, la prévention s’avère délicate.
Il m’a néanmoins semblé intéressant de me livrer à l’exercice, aussi voici une liste de conseils pour éviter de produire des enfants autistes.
L’autisme ne s’attrape pas
Contrairement à ce que certains aimeraient nous faire penser, on ne peut pas devenir autiste en jouant trop à des jeux vidéos, en lisant trop, en mangeant trop de sucre ou en se faisant trop vacciner. L’autisme n’est pas une maladie, l’autisme est une manière de fonctionner. On naît avec, et ce même si les symptômes ne sont pas perceptibles des la naissance. Par conséquent, toute éventuelle mesure de prévention doit avoir lieu avant même la conception.
Les facteurs de risque et comment les éviter
Il y a d’abord quelques facteurs sur lesquels les parents ont peu d’emprise : il est par exemple conseillé de ne pas être autiste soi-même, ni neurodivergent d’aucune façon[1]. Cela vaut aussi pour la famille proche : une personne neurotypique mais dont la sœur ou le père sont neurodivergents, par exemple, est à risque.
Si mon lecteur est convaincu d’être en sûreté à ce niveau, qu’il se méfie bien sûr de la personne qui fournira le reste du matériel génétique : un partenaire passionné par son métier et qui a tendance à ne pas supporter les étiquettes de ses t-shirts est louche, pas besoin d’un intérêt spécifique pour les trains ou d’adorer empiler des trucs pour que le risque existe.
Également, si mon lecteur est déjà parent d’un enfant autiste, la probabilité que les suivants le soient aussi est élevée.
Mon lecteur devra en outre faire attention à son âge : l’âge des parents, du père en particulier, a une corrélation avec le risque d’autisme chez l’enfant. Plus l’âge augmente et plus le risque est grand.
Ensuite, attention à la personne qui sera enceinte : on note en particulier que l’exposition à certains polluants pendant la grossesse et un petit poids de naissance augmentent les risques d’enfant autiste. Je ne peux que suggérer de rester enfermé chez soi, allongé si possible, et ce durant toute la durée de la grossesse. On n’est, après tout, jamais trop prudent.
Une méthode qui semble particulièrement efficace consiste à adopter un enfant pouvant déjà parler et faire preuve d’autonomie. De nombreux enfants sont actuellement à l’adoption dans presque tous les pays du monde, et une famille aimante leur ferait le plus grand bien. Les plus âgés, surtout, sont les moins susceptibles de cacher un éventuel autisme. J’encourage mon lecteur à se tourner vers cette option s’il le peut.
En appliquant toutes ces stratégies, mon lecteur limite ainsi ses chances d’avoir un enfant autiste, tout en sachant qu’il ne s’agit que d’une affaire de probabilités et que ni Bien Être Autiste ni Julie Bouchonville ne s’engagent à garantir un « risque zéro ».
Une requête qui n’a pas de sens
Tout le monde veut des enfants heureux, en bonne santé, indépendants, cohérents avec les valeurs familiales, et susceptibles de prendre soin de leurs parents lorsque ces derniers se feront vieux. Je ne pense pas qu’il y ait de mal à cela. Néanmoins, lorsque l’on fait des enfants, c’est toujours un peu une roulette génétique et on se peut se retrouver avec des enfants laids, désagréables, lourdement handicapés, autistes, ou ne votant pas comme nous[2]. En tant que futur parent, si l’on n’est pas prêt à vivre avec cette éventualité, si on est convaincu que la différence n’arrive qu’aux autres et que l’imprévu peut être contenu, peut-être vaut-il mieux s’abstenir de toute reproduction, et éventuellement se tourner vers l’adoption d’un enfant plus âgé, histoire d’être un peu plus sûr de son coup[3].
Les autistes font partie de la vie. On peut essayer d’empêcher notre apparition en traitant son arbre généalogique comme le pedigree d’un chien de concours, avec un soin jaloux accordé aux portées, mais c’est probablement perdu d’avance. Le mieux reste sans doute d’investir toute cette énergie et cette détermination dans l’amélioration de la prise en charge des autistes qui existent déjà, et qui n’ont que rarement toute l’aide dont ils pourraient avoir besoin.
[1] Trouble anxieux ou de l’attention, dépression, syndrome de Tourette, …
[2]Parfois tout ça en même temps.
[3]Et encore, on n’est jamais à l’abri d’une orientation sexuelle ou politique difficile à annoncer aux grands parents.
Merci Julie Bouchonville, pour vos articles si bien écrit et votre irrésistible humour :)
Je ris tellement !
Merci!!
🤣😅
Bonjour
Assez étonnée par votre article, j’imagine êtes-vous vous-même neuro atypique…
Je crois que vous idéalisez l’adoption qui peut sans doute être aussi difficile que l’arrivée d’un enfant autiste et aucunement un gage de sécurité, puisqu’un enfant ayant vécu un abandon et bien plus encore, ayant grandi sans parent etc a de forte chance d’être extrêmement difficile voire en rupture totale avec sa famille.
Merci de votre lecture