Qu’est-ce qu’un groupe d’habiletés sociales ?
- Julie BOUCHONVILLE
Où le trouver ? Qui peut en bénéficier ? Et autres questions :
Que sont les habiletés sociales ?
Avant d’aller plus loin, il me semble pertinent de rappeler ce que sont les habiletés sociales : ce sont toutes les aptitudes que nous utilisons au quotidien dans nos interactions sociales. Par exemple : saluer les gens lorsqu’on entre dans une pièce, savoir quoi dire lorsque c’est notre tour au bureau de poste, attendre son tour lors d’un jeu de société, aborder des inconnus, etc.
Si certains autistes ont fait des habiletés sociales pratiquement un centre d’intérêt à part entière et en maîtrisent bien les codes, pour d’autres il est très difficile de savoir comment se comporter, et bien que ce ne soit pas leur intention, ils peuvent être perçus comme impolis, hostiles ou inintelligents.
Qu’est-ce qu’un groupe d’habiletés sociales ?
C’est un regroupement de personnes neurodivergentes, le plus souvent autistes, chapeauté par une personne intervenante qui va donner une direction au groupe et le suivre régulièrement tout en lui proposant de s’entraîner. Le groupe aborde des questions théoriques comme des situations pratiques, et permet des interactions sociales qui font office « d’heures de vol » sociales, tout en cultivant une atmosphère bienveillante où les faux pas sont expliqués et pardonnés[1].
L’entraînement aux habiletés sociales rentre dans la catégorie de la thérapie cognitive et comportementale.
Qui organise ces groupes ? Ces personnes sont-elles diplômées spécifiquement pour ce faire ?
Le plus souvent, ils sont organisés par des professionnels de santé déjà en contact avec l’autisme : psychologues ou psychomotriciens, ergothérapeutes, orthophonistes, accompagnés ou non d’éducateurs spécialisés. Il n’existe pas à ma connaissance de formation spéciale « groupes d’habiletés sociales » que pourraient suivre ces professionnels, mais ils manient des outils qu’ils connaissent déjà de par leur métier, que ce soit pour théoriser des concepts, répartir les participants en groupes cohérents, créer ou expliquer du matériel pédagogique, évaluer des progrès ou proposer des pistes d’amélioration en dehors des séances de groupe.
En plus des professionnels eux-mêmes, des associations locales ou nationales de personnes concernées peuvent également organiser ces entraînements en faisant appel à des professionnels pour les animer.
À qui peut bénéficier un groupe d’habiletés sociales ?
N’importe qui ayant du mal avec ses habiletés sociales[2]. Les professionnels les organisant vont en général regrouper les participants par âge ou niveau d’aptitude, et une recherche superficielle suggère qu’il y en a plus qui sont proposés à destination des enfants que des adultes, mais ce n’est qu’une tendance et pas une séparation binaire.
Existe-t-il des conditions d’accès ?
Non, mais l’inscription est obligatoire, les places étant limitées par la taille du groupe. Elle nécessite en outre un entretien avec le praticien organisateur ou avec un praticien travaillant avec la structure organisatrice, pour s’assurer que la personne inscrite bénéficiera réellement de l’aide fournie et/ou évaluer son niveau en vue de déterminer à quel groupe l’intégrer.
Il n’est en revanche pas nécessaire d’obtenir une ordonnance spécifiquement pour ce type de TCC ou d’être adressé par un autre médecin.
Les entraînements aux habiletés sociales sont-ils remboursés par la Sécurité sociale ?
Le tarif est variable selon l’entité organisatrice et a priori, non, ces séances ne font pas l’objet d’un remboursement particulier. Une recherche rapide suggère que l’on peut s’attendre à payer entre 200 € et 250 € le trimestre, avec des facturations à la périodicité variable selon l’organisation (à la séance, au trimestre, à l’année…).
Où trouver un groupe d’habiletés sociales ?
Le plus simple reste d’en parler à son équipe thérapeutique, ou d’effectuer une banale recherche Google en incluant un indicateur géographique. Il est aussi possible de se renseigner via le Centre Ressources Autisme local, qui liste en général les associations régionales utiles et les services qu’elles proposent, si le CRA n’organise pas ces séances lui-même.
[1]À la question « suis-je, personnellement, jalouse de ne pas avoir eu accès à quelque chose de ce genre lorsque j’avais sept ans et les aptitudes sociales d’un homard ? », la réponse est oui.
[2]J’attends, une fois de plus, le prix Pullitzer devant faire écho à ces révélations.